B. Contamination chimique

B2. Analyse des résidus de pesticides et de PCB présents dans les produits composant le panier de la ménagère et dans l'alimentation globale


Dr. S. Srebrnik-Friszman, IHE, Serv. Denrées Alimentaires, Rue J. Wytsman 14, 1050 Bruxelles

Durant ces dernières décades de grandes quantités de pesticides ont été utilisées en agriculture et en horticulture. De plus l'industrie a utilisé des quantités importantes de composés chlorés dont, les polychlorobiphényls.

Cet usage intensif a eu un impact significatif sur l'environnement et par conséquence sur les éléments de la chaîne alimentaire.

Suite à de nombreuses études, la toxicité de ces produits a été mise en évidence. Cette toxicité a amené les états à limiter, contrôler, voire interdire l'usage de ces produits.

Malgré ces dernières actions, la stabilité de ces produits est telle que l'on continue à les détecter dans l'environnement. Néanmoins les concentrations ont diminué graduellement jusqu'au niveau actuel proche de la limite de détection.

La présente étude vise à relever les concentrations en pesticides organochlorés et en polychlorobiphényls dans les différents produits courants consommés, et à vérifier si ces concentrations peuvent avoir des effets néfastes pour la santé de la population.

Pour réaliser cet objectif, 2399 échantillons de nature diverse, représentatifs de la consommation des ménages ont été analysés. Il s'agit d'échantillons de viande (porcs, boeufs, moutons, veaux, chevaux, poulets, lapins, charcute-ries), de poissons (de mer et d'eau douce), de lait (laits et produits laitiers), d'huiles végétales (huiles et margarines) et d'oeufs.

Il est apparu lors de ces analyses, que les concentrations en pesticides sont faibles. Nous n'avons pas pu mettre en évidence de différences significatives entre les concentrations déterminées sur base de la denrée fraîche, et les concentrations déterminées sur base de la denrée ayant subit un traitement culinaire. C'est donc sur la seule base des échantillons non traités que sont présentés ici les résultats.

Chaque résultat a été comparé aux normes Belges en vigueur lors de l'étude (Arrêté Royal du 23 octobre 1991 basé sur les directives Européennes, Annexes B et tableau 3.B.). Il est à noter que les polychlorobiphényls ne sont pas repris dans les teneurs maximales autorisées. Les poissons ne sont pas repris dans cet Arrêté. Au vu des résultats obtenus dans cette étude, nous pouvons conclure que les concentrations en pesticides organochlorés répondent aux normes de la législation en vigueur.

Afin d'examiner d'éventuels effets néfastes sur la santé, les valeurs moyennes, médianes et maximales des concentrations ont étés comparées aux doses journalières admissibles (D.J.A. ou Acceptable Daily Intakes A.D.I.) disponibles. La D.J.A. est la quantité de contaminant pouvant être ingérée quotidiennement durant toute la vie sans causer d'effets néfastes sur la santé.

Le tableau ci-après donne un aperçu du pourcentage de la D.J.A., pour une concentration moyenne en résidus de pesticides ingérés, pour une consommation moyenne de denrée, par une personne de 60kg.


Pour la consommation de toutes les denrées:

Contaminants
D.J.A. (µg/kg/jour)
Pourcentage de la D.J.A.
a-HCH
8
0.070
ß-HCH
8
0.110
Lindane
8
0.158
Hexachlorobenzène
6
0.167
Heptachlorépoxide
0.1
6.354
Dieldrin
0.1
11.591
DDT
20
0.134
Polychlorobiphényl
5
3.000


Les valeurs de pourcentage de la D.J.A. montrent que les recommandations de l'organisation mondiale de la santé (WHO) et l'organisation mondiale de l'agriculture et de l'alimentation (FAO) sont respectées. Les valeurs les plus élevées de la table sont dues a des recommandations plus strictes des organismes pour ces types de substances.

En conclusion, à part quelques cas isolés, les normes en vigueur pour les pesticides organochlorés sont respectées. Le pourcentage de D.J.A. correspondant aux concentrations moyennes de résidus, et pour une consommation journalière moyenne simultanée de toutes les denrées, sont inférieures à 11,6 pourcent des valeurs tolérées par les organismes internationaux.

Dans le cas des polychlorobiphényls aucune norme de tolérance n'est spécifiée en Belgique. On remarque, au vu des résultats d'analyses que toutes les concentrations moyennes sont inférieures à 16.9 µg/kg de denrées, avec des valeurs plus élevées pour les poissons et les produits laitiers que pour d'autres denrées.

Afin de confirmer les valeurs obtenues et observer des variations éventuelles des concentrations de pesticides organochlorés ou de polychlorobiphényls il convient de maintenir un programme de surveillance des denrées alimentaires. En particulier les produits laitiers et les poissons devraient être surveillés en priorité pour leur teneur en polychlorobiphényls.


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