Cela faisait soixante ans que des souverains belges n’avaient plus posé le pied sur le sol chilien. C’est dire à quel point cette visite d’État, annulée en 2020 en raison de la pandémie, était attendue. Menée par le Roi Philippe et la Reine Mathilde, elle aura permis de rattraper le temps perdu... sans en perdre davantage. Au programme : coopération bilatérale sur les plans scientifique, diplomatique et économique.
Une arrivée attendue et un programme dense
C’est avec 24 h de retard que l’avion royal s’est posé à Santiago du Chili, suite à un problème technique. Le couple royal était accompagné d’une importante délégation comprenant notamment Maxime Prévot, Vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Vanessa Matz, ministre de l’Action et de la Modernisation publiques, en charge de la Politique scientifique, les ministres-présidents des Régions et Communautés, dix recteurs d’universités ainsi qu’une soixantaine de dirigeants d’entreprises belges. Le département de la Politique scientifique fédérale (BELSPO) était représenté par Arnaud Vajda, président du comité de direction, et Frank Monteny, directeur général Recherche et Espace.
Visite capitale
À leur arrivée à Santiago, le Roi Philippe et la Reine Mathilde ont été accueillis selon le protocole d’usage, en présence de représentants des autorités chiliennes. Au programme figuraient notamment un entretien avec le président chilien au palais de La Moneda, des rencontres officielles et des échanges avec des personnalités du monde politique, économique et académique. Fidèle à son engagement social, la Reine Mathilde a, elle, consacré une partie de son séjour à la découverte d’initiatives locales dans le domaine de l’éducation et de la petite enfance.
Hommage à une histoire partagée
Le Roi a rencontré les rescapés de l’ambassade de Belgique. En 1973, lors de la prise de pouvoir du général Pinochet, l’ambassade de Belgique avait recueilli une centaine de Chiliens qui fuyaient le régime totalitaire. Parmi eux figuraient de nombreux étudiants. Dès son arrivée, le roi a tenu à rencontrer ces rescapés. Depuis le retour à la démocratie, cette relation n’a jamais faibli. Au total, près de 5 000 personnes fuyant le régime ont trouvé asile en Belgique, parmi lesquelles se trouvaient de nombreux chercheurs et scientifiques.
Une coopération scientifique au sommet
La science s’est imposée comme fil rouge de la seconde partie de cette visite d’état. Après Santiago du Chili, la délégation a mis le cap sur le désert de l’Atacama. La Belgique, au travers de BELSPO, est membre fondatrice de l’Observatoire européen austral (ESO), implanté dans ce désert. Il s’agit de l’un des meilleurs endroits au monde pour observer le ciel.
À plus de 3 000 mètres d’altitude, la délégation a ainsi pu découvrir l’Observatoire de Paranal, qui abrite le Very Large Telescope (VLT). Il se compose de quatre télescopes principaux et autant de télescopes auxiliaires mobiles, pouvant tous fonctionner de concert pour former un « interféromètre » géant, le VLTI. Il permet alors aux astronomes de discerner des détails avec une précision jusqu'à 25 fois plus importante qu'avec les télescopes uniques.
Le couple royal et la délégation ont également pu visiter le site en construction de l’E-ELT (European Extremely Large Telescope), futur « plus grand œil sur le ciel », selon l’ESO. Ce télescope disposera d’un miroir de 39 mètres de diamètre et permettra sans aucun doute des avancées majeures en astrophysique. Sur place, le Roi Philippe, curieux et enthousiaste, s’est longuement entretenu avec les ingénieurs et scientifiques, découvrant notamment les contributions de sociétés belges comme AMOS, spécialisée dans la mise au point d’instruments scientifiques de haute précision sur terre et dans l’espace, à la construction de ces instruments de pointe.
L’étape scientifique de cette visite d’état s’est achevée par le site SPECULOOS. Porté par l’Université de Liège, ce projet repose sur un réseau de six télescopes robotiques. Cette installation aura pour objectif de détecter des planètes rocheuses autour des étoiles les plus froides de notre voisinage stellaire.
Problème de remorquage
Confirmant la loi des séries, l’avion royal, lors du retour, a subi une nouvelle avarie mineure provoquée par un incident impliquant le tracteur le conduisant vers la piste de décollage, nécessitant l’envoi d’une roue supplémentaire depuis Santiago du Chili. Cette visite, particulièrement riche sur le plan scientifique, devrait ainsi poser durablement les bases de futures collaborations fructueuses entre la Belgique et le Chili.