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e-Science Connection Anne-Françoise Martin

Anne-Françoise Martin © B. Horenbeek

Anne-Françoise Martin a étudié l’histoire de l’art et l’archéologie à l’ULB. Spécialiste dans les arts d’Amérique, elle a commencé à travailler aux Musées Royaux d’Art et d’Histoire dans les années 1980.

e-S.C. Peux-tu nous parler de ton institution et de ton domaine de recherche ?

J’ai commencé ma carrière au musée du Cinquantenaire dans les années 1980. J’ai écrit de nombreuses notices pour les catalogues d’ expositions sur l’Amérique précolombienne et j’ai été guide dans toutes les grandes expositions. Très conscientisée par l’importance de la médiation et l’accès aux collections des différents publics, j’ai conçu de nombreuses publications éducatives pour ces expositions. J’ai d’ailleurs été responsable de l’équipe des guides pendant dix ans.
En 2016, j’ai rejoint Serge Lemaitre, conservateur actuel des collections Amériques. Avec Florence Cosme, nous avons monté l’exposition « Inca Dress Code » sur les textiles et les parures du Pérou. Cette exposition s'est tenue du 23 novembre 2018 au 24 mars 2019 et a accueilli 50.000 visiteurs, un grand succès ! Elle est ensuite partie à Montréal au musée de Pointe-à-Callières où elle a reçu le nom : « Les Incas, c’est le Pérou ! ». A Montréal, le succès aussi était au rendez-vous avec un nombre encore plus grand de visiteurs (150.000).

e-S.C. Tu es une chercheuse passionnée par ton domaine de recherche. D’où cette passion vient-elle ?

Mon intérêt pour l’ethnographie et mes bonnes connaissances des pièces ethnographiques de la collection m’ont poussée naturellement à étudier et dresser le corpus des œuvres venant de l’Amazonie (environ 700 objets) dont plusieurs dons et achats récents. Les besoins en viande et en soja contribuent à détruire la forêt amazonienne. Cette destruction à grande échelle entraîne la disparition de toute une biodiversité remarquable. Les changements climatiques et l’exploitation excessive des terres accentuent aussi la pression sur les communautés autochtones. Elles sont les premières à en subir les conséquences et à devoir réagir. Ce qui se passe là-bas est connecté avec ce qu’il se passe ici. En mettant en avant les objets amazoniens de notre collection, nous pouvons sensibiliser le public à adopter les bons gestes et contribuer à la préservation de ces précieux écosystèmes.

e-S.C. Quelles collaborations as-tu à ce propos ?

A l’initiative de la conservatrice des collections « Amérique » du Musée d’ethnographie de Copenhague Gabriel Mille, les musées européens qui possèdent des manteaux de plumes tupinamba (Brésil) ont mis en place un groupe de travail européen. Durant toute l’année 2023, nous nous sommes réunis à Copenhague, Amsterdam, Bâle, Paris pour réfléchir comment mettre en place une collaboration et définir les axes de recherche sur ces manteaux.

e-S.C. Peux-tu donner un exemple des aspects qui t’attirent le plus dans ces activités ?

Ce qui  est le plus riche, le plus émouvant dans cette recherche ce sont les rencontres avec Glicéria Tupinamba (appelée aussi « Célia »)  qui représente sa communauté lors de nos réunions de travail. Je me souviens d’une anecdote particulièrement touchante lors de la réunion au Tropenmuseum d’Amsterdam en mai 2023. Nous étions regroupées autour de Glicéria Tupinamba  devant la vitrine où était exposée une massue tupinamba en bois. Celia portait sa coiffe de plumes, qui attirait les regards des autres visiteurs. Un groupe de dames voilées qui visitaient les salles avec une guide autochtone surinamaise s’est approché et un dialogue interculturel intense a commencé. C’est dans des moments comme ceux-là que mon travail de chercheuse prend tout son sens.

e-S.C. Quelle est actuellement ta priorité ? Ou même ta passion ?

J’essaye de mettre en avant nos très riches collections en publiant le plus possible et en prêtant les objets pour des expositions. Nous avons prêtés les blouses brodées par les femmes kuna du Panama au musée du carnaval et du masque de Binche (exposition « Entrelacs » catalogue encore disponible). J’ai aussi présenté ma recherche sur ces blouses lors des neuvièmes journées internationales des textiles amérindiens (IX Jornadas Internationales de Textiles Precolumbinos ) à Milan. Je collecte en ce moment les informations sur les 7 tableaux de laine huichol (Mexique) acquis par le musée en 1973 et 2005. Cette nouvelle recherche fera l'objet d'une publication et sera présentée lors des prochaines journées internationales des textiles amérindiens en 2025.

1. Anne-Françoise Martin © B. Horenbeek
2. Groupe de travail au Tropenmuseum Amsterdam, mai 2023 © Anne-Françoise Martin
3. Visite au musée des textiles à Krefeld © Anne-Françoise Martin
4. Accueil à une journée d’étude au Musée du Quai Branly, juin 2023 © Anne-Françoise Martin
5. Discussion dans la réserve du musée de Copenhage © photo SLemaitre
6. Exposition Entrelacs à Binche, printemps 2023 © Serge Lemaitre

Légendes
1. Anne-Françoise Martin © B. Horenbeek
2. Groupe de travail au Tropenmuseum Amsterdam, mai 2023 © Anne-Françoise Martin
3. Visite au musée des textiles à Krefeld © Anne-Françoise Martin
4. Accueil à une journée d’étude au Musée du Quai Branly, juin 2023 © Anne-Françoise Martin
5. Discussion dans la réserve du musée de Copenhage © Serge Lemaitre
6. Exposition Entrelacs à Binche, printemps 2023 © Serge Lemaitre