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e-Science Connection Sabrina Bechet

Sabrina Bechet est docteure en physique des astroparticules (ULB) et est maintenant physicienne du Soleil à l'Observatoire royal de Belgique (ORB).

e-S.C. Dans quel domaine travailles-tu ?

Je travaille en physique solaire, plus précisément sur les observations solaires faites dans le domaine optique depuis la station d’Uccle USET à l’Observatoire royal de Belgique. Entre autres, des dessins des taches solaires y sont faits quotidiennement.

e-S.C. Quelle est l’importance de ce domaine ?

Les taches sont des régions plus sombres que le reste de la surface du Soleil et représentent une manifestation directe du champ magnétique de surface. À Uccle, les dessins sont faits depuis 1940. Les dessins de taches solaires constituent une des plus anciennes collections de données dans le monde. On considère souvent que Galilée est un des premiers astronomes à avoir observé et dessiné les taches solaires, il existe donc des dessins des taches solaires depuis le 17ème siècle. Ces observations permettent, entre autres, de comprendre l’évolution sur le long terme de l’activité magnétique du Soleil. Celle-ci se manifeste suivant un cycle de 11 ans, il faut donc plusieurs décennies pour pouvoir étudier plusieurs cycles, d’où l’importance d’observations sur le long terme. En plus de dessins, nous prenons des images du Soleil dans différentes longueurs d’onde.

e-S.C. Y a-t-il beaucoup de chercheuses dans ce domaine ?

Dans le domaine de l’instrumentation et des observations à proprement parler, il y a encore une majorité d’hommes, avec quelques exceptions notables comme Hisako Koyama, une astronome japonaise du 20ème siècle qui a observé les taches solaires pendant plus de quarante ans. Au niveau de l’exploitation des données et de l’analyse scientifique, on est assez proche de la parité.

e-S.C. Sur quels thèmes et questions de recherche travailles-tu ? Quelles sont les activités concrètes que tu fais ?

Les données des taches solaires enregistrées sur le long terme permettent de mieux comprendre l’activité magnétique du Soleil et de contraindre les modèles avancés qui expliquent la génération du champ magnétique d’un cycle à l’autre. De plus, les images permettent d’étudier différentes structures magnétiques présentes à la surface du Soleil. On peut ainsi faire des catalogues pour étudier statistiquement leurs propriétés. Un autre thème de recherche dans lequel je suis impliquée est la connexion entre ce qu’on voit à la surface du Soleil et le flux mesuré pour les autres étoiles de type solaire. Pour ces dernières, on n’a pas de résolution de la surface et on essaie alors d’expliquer les variations de flux sur base des structures visibles à la surface du Soleil. Sur les images, nous pouvons également capturer des évènements transitoires comme des éruptions solaires, il s’agit de régions localisées qui deviennent intensément brillantes pendant quelques minutes. Elles sont le lieu de libération d’énergie magnétique qui peut chauffer l’atmosphère solaire à plusieurs millions de degrés (voir figure ci-dessous). En pratique, une part de mon travail comprend l’instrumentation, sa maintenance et sa modernisation, et le développement informatique de la chaîne de traitement des données. Une autre part comprend l’exploitation scientifique des données, notamment le développement d’algorithmes de traitement d’images pour calibrer les images ou détecter automatiquement certaines structures. Il y a donc une grande diversité de tâches dans mon travail.

e-S.C. Quelles collaborations as-tu à ce propos (à l’Observatoire ou en dehors) ?

À l’Observatoire, il y a une équipe de plusieurs personnes impliquées dans l’observation du Soleil, avec des profils très variés et complémentaires, qui vont du très technique au très scientifique. Au niveau international, il y a une quinzaine d’instituts qui font des observations avec le même genre d’instruments et avec qui nous collaborons. Il est important d’avoir des observatoires à différentes longitudes de manière à éviter les interruptions d’observation due au cycle jour-nuit. Ces observatoires se situent donc parfois à l’autre bout du monde.

e-S.C. Quelle est ta motivation, qu’est-ce qui t’attire dans cette activité ?

Je trouve qu’observer le Soleil est une source continue d’émerveillement, tant la diversité des phénomènes visibles à sa surface est grande. De manière plus générale, le physique solaire est un domaine très actif avec de nombreuses questions ouvertes et de nouvelles observations qui petit à petit apportent leur lot de réponses.

e-S.C. Qu’est-ce que tu aimes dans ton travail ?

J’aime la variété des tâches et le fait qu’on puisse travailler sur les différents aspects des observations depuis l’acquisition des données jusqu’à leur exploitation. Cela permet d’avoir une vue globale sur ce qui se passe.

e-S.C. Si tu avais une baguette magique, qu’est-ce que tu changerais dans ton travail ?

Comme tout travail, il y a des aspects moins drôles, mais qui sont nécessaires. Pour moi, ce serait d’avoir moins de tâches administratives.


1. Sabrina Bechet dans la salle de contrôle d’USET. Les écrans d’ordinateur montrent le soleil dans différentes longueurs d’onde. Crédit: Observatoire royal de Belgique.
3. Une illustration de dessin de taches solaires et l’image correspondante fait le 29/10/2003. Le dessin est inversé par rapport à l’image, car il s’agit d’une projection. Crédit : USET/SIDC/ORB.
4. Images du soleil prises le 06/09/2017 dans différentes longueurs d’onde. Sur les deux figures de droite, on voit deux rubans brillants correspondant à une éruption solaire. Crédit : USET/SIDC/ORB
2. La station USET avec la table équatoriale supportant quatre lunettes, utilisées pour les observations solaires. Crédit : Observatoire royal de Belgique.

Légendes
1. Sabrina Bechet dans la salle de contrôle d’USET. Les écrans d’ordinateur montrent le soleil dans différentes longueurs d’onde. Crédit: Observatoire royal de Belgique.
2. La station USET avec la table équatoriale supportant quatre lunettes, utilisées pour les observations solaires. Crédit : Observatoire royal de Belgique.
3. Une illustration de dessin de taches solaires et l’image correspondante fait le 29/10/2003. Le dessin est inversé par rapport à l’image, car il s’agit d’une projection. Crédit : USET/SIDC/ORB.
4. Images du soleil prises le 06/09/2017 dans différentes longueurs d’onde. Sur les deux figures de droite, on voit deux rubans brillants correspondant à une éruption solaire. Crédit : USET/SIDC/ORB.