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e-Science Connection Soaud Ech-Chakrouni

Souad Ech-Chakrouni a eu son diplôme de master en science de la terre au Maroc, un master en géologie appliquée à la génie civile à l’université libre de Bruxelles et a effectué un doctorat en géochronologie –géophysique entre la Vrije Universiteit Brussel et le Centre de Physique du Globe de l’IRM. Depuis plus de 14 ans maintenant, elle effectue ses recherches en archéomagnétisme au sein de la section Magnétisme environnemental du Centre de Physique du Globe de l’IRM.

e-S.C. Dans quel domaine travailles-tu ?

Je suis responsable des recherches en archéomagnétisme.

e-S.C. Peux-tu être un peu plus spécifique sur les sujets de ta recherche ?

Ma recherche porte sur l’amélioration de la connaissance de la variation du champ géomagnétique dans le passé pour les périodes historiques et préhistoriques, principalement en Belgique. La méthode appliquée est la méthode archéomagnétique qui consiste à déterminer et à analyser le champ magnétique terrestre enregistré par les terres cuites (four, aire brûlée, etc.) mises au jour dans les sites archéologiques. Ces terres cuites contiennent des minéraux magnétiques, principalement des oxydes de fer, qui ont été chauffés à haute température et qui ont enregistré lors de leur refroidissement la direction et l’intensité du champ magnétique ambiant sous forme d’une aimantation dite thermo rémanente. La détermination de ces éléments du champ magnétique enregistrés dans ces terres cuites, nous permet d’une part d’étudier le comportement du champ magnétique dans le passé et d’autre part de dater la dernière cuisson d’une terre cuite. Je travaille en étroite collaboration avec les archéologues.

e-S.C. Y a-t-il beaucoup de chercheuses dans ce domaine ?

Ce domaine de recherche est trop peu connu en Europe et quasi pas en Belgique. Je suis d’ailleurs la seule chercheuse dans ce domaine en Belgique. J’ai succédé au fondateur de l’archéomagnétisme en Belgique, feu le professeur Jozef Hus. Il a introduit les recherches en archéomagnétisme en Belgique dans les années 70.

e-S.C. Comment s’est fait ce choix ?

J’étudiais déjà le comportement du champ magnétique pour les périodes géologiques lors de la préparation de ma thèse de doctorat qui avait pour thème « Etude géochronologique et paléomagnétique de l’Archipel de Madère ». Selon le règlement de la VUB à l’époque de ma thèse, il fallait présenter un sujet complémentaire de recherche, en plus du sujet de la thèse. A l’époque, mon promoteur de thèse, le professeur Hus, m’avait proposé de faire un sujet sur l’archéomagnétisme et la datation archéomagnétique d’un site archéologique à Temse (province d’Anvers). Depuis, je m’intéressais à l’archéomagnétisme, surtout après mes missions en Syrie dans le cadre d’un projet européen avec l’Université de Liège.

e-S.C. Quelles sont les activités concrètes que tu fais ?

Je gère une équipe de deux collaborateurs dans le domaine de la recherche en archéomagnétisme. Je coordonne une convention de collaboration entre l’agence wallonne du patrimoine AWaP et le centre de physique du globe de l’IRM depuis 2010. J’ai aussi coordonné un projet de recherche en archéomagnétisme pour l’Afrique du Nord entre les universités marocaines, l’institut du patrimoine archéologique du Maroc et le centre de physique du globe de l’IRM. Ce projet était financé par Belspo. Le but était d’introduire l’archéomagnétisme et de valoriser le patrimoine archéologique dans cette partie du continent africain. Je travaille aussi en collaboration avec les firmes privées de la région flamande ainsi que les universités de la partie nord de la France.
Je vais souvent en mission sur le terrain pour prélever des échantillons, parfois dans des conditions climatiques très défavorables (le gel, canicule, …).

e-S.C. Qu’est-ce que tu aimes dans ton travail ?

La curiosité et le challenge, à chaque fois que j’étudie et j’analyse les échantillons d’un four, j’ai hâte de connaitre l’âge du site archéologique et de savoir comment était le champ magnétique ambiant. Je suis contente quand je sais que je suis la seule à pouvoir trouver l’âge et résoudre l’énigme d’un site en absence d’indices permettant de dater et/ou quand les autres méthodes de datation font défaut. 
Dans ce domaine de recherche, il n’y a pas de routine de travail. Quand je fais une mission sur le terrain, j’apprends toujours quelque chose de nouveau car chaque site archéologique à son histoire. En plus, je crée des contacts avec d’autres personnes dans un autre domaine.

e-S.C. Si tu avais une baguette magique, qu’est-ce que tu changerais dans ton travail ?

Peut-être faire connaitre plus ce domaine de recherche à l’échelle nationale, car c’est un domaine très intéressant. Il aide à valoriser le patrimoine archéologique. Le Centre de Physique est réputé pour ses recherches en archéomagnétisme à l’échelle internationale.


1. Souad travaillant à la datation d’un ancien four à brique dans la commune d’Asse © Studiebureel Archeologie Onroerend Erfgoed
2. Souad présente son travail au public lors des dernières portes ouvertes du Centre de Physique du Globe de l’IRM à Dourbes © IRM

Légendes
1. Souad travaillant à la datation d’un ancien four à brique dans la commune d’Asse © Studiebureel Archeologie Onroerend Erfgoed
2. Souad présente son travail au public lors des dernières portes ouvertes du Centre de Physique du Globe de l’IRM à Dourbes © IRM